Outre-Rage
Après avoir interrogé les fractures outre-Atlantique d’un parcours marqué par multiples traversées (de la France aux États-Unis, puis un retour en Guadeloupe), Hubert Petit-Phar revient sur scène pour y faire comparaître les tumultes d’une condition schizophrène. Les études psychiatriques soulèvent une
prévalence de troubles psychotiques, dont la schizophrénie, aux Antilles. Parmi les raisons convoquées par ces études, les parcours migratoires, notamment des personnes noires, les confrontent à des difficultés économiques, culturelles et d’isolement social.
Tout en travaillant à partir de cette dimension clinique, Hubert Petit-Phar propose un regard chorégraphique et poétique sur la question. Les peaux successives dont on se revêt pour s’adapter en terres tout à la fois étrangères et familières viennent troubler la notion d’identité et de cohérence du soi. À force et à mesure
des efforts d’adaptation, le corps et la psyché en sortent transformés, et les repères de l’identité sont bousculés, rebattus, redistribués. Être un homme noir dans une société qui se débat contre son propre racisme, apprendre les codes des cultures institutionnelles et légitimes et devoir ensuite composer avec
une condition insulaire qui ne rend pas ces codes tout à fait opérants.
Outre-rage sera aussi une ultime danse pour ce corps-tumulte. Hubert Petit-Phar fait ses adieux à la scène avec ce solo, en parcourant l’histoire de ces multiples incarnations, troubles, douleurs et renaissances.